Choses vecues Choses lues

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L’adieu aux anges – Frédéric H. Fajardie

«Marchant sous la pluie boulevard Haussmann, il songea que l’essentiel de sa vie était à présent derrière lui.»

 

Philippe Markus, commissaire principal et juif lituanien, uni à ses hommes par une «fraternité de tranchée», Kowalsky le polonais et Escobar l’espagnol, enquêtent après l’attaque au vitriol d’une femme, et l’exécution «fignolée» de son patron, Hurlet, apparemment une belle ordure, ancien de la Gestapo pendant la seconde guerre mondiale.

 

Les policiers sont tous les trois nés au début des années 1940, trop tard pour prendre le bain de la grande histoire, la guerre. Dans l’époque désenchantée et sans gloire du début des années 1980, ils rêvent de partir loin de la fatigue et de l’écœurement, de se déraciner vers Los Angeles. Cette enquête, cheminement sanglant d’une revanche à retardement, va faire s’envoler l’utopie des Anges.

 

 «Ils avaient quitté l’hôtel de police, fuyant tout à la fois les sonneries du téléphone, les gueules ravagées des collègues, les crépitements des machines à écrire et la perspective des sandwiches jambon-beurre pour se refugier dans un petit restaurant tout bruissant des conversations d’une nuée de jeunes cadres papotant sur les derniers licenciements, le récent tennis avec l’adjoint du P-DG, le jogging avec le sous-chef du service exportation : mille bruits, mille voix, mille souffles, mille battements de cœur traduisant l’existence de vies sans importance aucune si ce n’est celle, légitime, de l’âme – ou de ce qui en tenait lieu – des propriétaires qui avaient pour fonction de guider, gérer et aimer ces corps plongeant vers le néant.»

 

Un Fajardie fort et émouvant, un de plus, publié en 1984.



14/06/2013
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