Choses vecues Choses lues

Ecrit en 1966 et traduit en français en 2006, « Ne plus jamais dormir » raconte l'expédition en Norvège d'Alfred Issendorf, étudiant néerlandais en géologie, aimable et timide, qui rêve de créer un retentissement dans le monde scientifique en découvrant des traces d'impact de météorites dans le grand nord norvégien.

Le roman est constitué de chapitres brefs et de phrases également courtes, rédigées dans une langue directe, factuelle.

Cette simplicité permet d'aller au cœur des doutes et des empêchements d'Alfred Issendorf, qui entravent son ambition d'un grand destin, son obsession de laisser une trace à l'inverse de son père disparu trop tôt.

« C'est quoi ma cathédrale à moi ? Je travaille à l'édification d'une cathédrale dont je ne sais rien et le jour où elle sera terminée, je ne serai plus là et personne ne saura que j'ai participé à son édification. »

Les doutes, les défaillances de son corps pendant cette marche dans le grand Nord, les souffrances physiques qu’il endure, les moustiques qui le dévorent, le face a face avec sa propre inexpérience sont rendus avec tant de vérité qu’on a par moments envie d'en finir avec ce roman ; les souffrances de cet anti-héros vous collent à la peau à la façon des moustiques du grand Nord qui lui sucent le sang.

Certains moments sont aussi savoureusement drôles aussi et en particulier l'imposture de la réussite de la mère d’Alfred Issendorf, critique littéraire la plus reconnue des Pays-Bas et qui écrit ses critiques sans jamais ouvrir un seul livre.

Une interrogation remarquable sur les voies de la réussite et de la vie.