Un privé à Babylone – Richard Brautigan
« Dreaming of Babylon », titre original de ce roman de Brautigan paru en 1977,
résume bien l’affaire.
Tout se passe pendant une journée de 1942 à San Francisco. C. Card, le
narrateur, est sans doute le pire détective privé de la ville. Il vit dans une misère
noire ; il se prétend privé mais n’a pas vu un client depuis des années, il a
survécu en 1940 en vendant des photos pornographiques à la sauvette et il n’a
aujourd’hui plus un centime en poche.
La meilleure partie de sa vie, c’est quand il se transporte mentalement à Babylone,
en 596 avant Jésus-Christ, pour y vivre des aventures exceptionnelles en
compagnie de l’adorable et pulpeuse Nana-Dirat, son assistante. Là, C. Card
devient un héros adulé, au cours de multiples aventures inventées au fil de ses envies.
Au début du roman, on dirait que la roue tourne ; un client l’a contacté. Il
doit lutter pour ne pas se réfugier en permanence à Babylone et pour
prendre en main l’affaire, ce qui consiste au départ (pendant les 130 premières
pages) à trouver des balles pour son pistolet et à réussir à se rendre au rendez-vous
fixé par le client, sans que ses rêveries babyloniennes ne lui fassent faire une
sortie de route.
« Je trouve que la meilleure odeur du monde, c’est celle des choses toutes
neuves : vêtements, meubles, postes de radio ou voitures, et même appareils
ménagers du genre grille-pain ou fer électrique. Je trouve que tout ça sent bon
quand c’est tout neuf.
Bon. Enfin. J’étais en train de me rappeler le matin où j’avais tué mon père.
J’en étais arrivé au moment où j’avais le nez sur l’aile d’un modèle T tout neuf
quand tout à coup j’ai changé le cours de mes idées. Je n’avais pas envie de penser
à quand j’avais tué mon père, alors j’ai simplement changé de conversation dans
ma tête.
Je ne pouvais pas penser à Babylone non plus, parce que ça risquait de tout
flanquer par terre : j’ai pensé à mon client. »
Une écriture simple mais truffée de situations et de tournures loufoques. Bref,
un roman franchement drôle, servi par les déboires et méandres de l’imagination
d’un loser comme on les aime.
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