Choses vecues Choses lues

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Personne bouge - Denis Johnson

 Ambiance Tarantino, frères Coen ou Chandler pour ce polar aux petites frappes, par la grâce des dialogues, près de la moitié du livre, et par celle des héros, ces perdants improbables plus réels que nature.

 

Le roman débute avec la scène incongrue de Jimmy Luntz, chantant en smoking blanc à une compétition de chorale masculine a cappella, dite chorale «Barbershop». Jimmy Luntz est un joueur compulsif et bien sûr endetté. Il doit 4 000 dollars à un dealer, un dénommé Juarez. Pour échapper à Gambol, l’envoyé trop pressant de son créancier, Luntz lui tire une balle dans la cuisse. Mais Gambol survit car Luntz n’aime pas la violence, qu’il est tout sauf un tueur. Gambol et Juarez vont le rechercher pour – littéralement - lui bouffer les couilles, leur spécialité en matière de vengeance.

 

«Jeune adolescent, Luntz avait participé aux Gants d’Or. Maladroit dans les combats, il s’était distingué de la mauvaise façon : le seul garçon à se faire mettre K.-O. deux fois. Il avait consacré deux années de sa vie à la boxe. Son secret c’était que jamais, ni avant ni depuis, il ne s’était senti aussi bien ni autant à l’aise que lorsque, allongé sur le dos, il écoutait la musique lointaine du compte de l’arbitre.»

 

La blessure de Gambol est guérie par Mary, une soi-disant vétérinaire, mais en fait infirmière vétéran, ayant soigné pendant plus de vingt ans des blessures militaires, et qui s’attache à son patient impatient d’en découdre et de retrouver Luntz.

 

Jimmy, dans sa déroute, tombe sur Anita, très belle femme suspectée dans une affaire de détournement de 2,3 millions de dollars, une affaire dans laquelle ses rivaux sont son mari procureur et un vieux juge corrompu.

 

Personne bouge rassemble des ingrédients très classiques du polar – dette, armes à feu, séduction et poursuite - mais est un livre étrange car la fuite est statique, toujours autour d’Alhambra et de la rivière Feather, et l’ambiance incertaine pour cette histoire de perdants en marge de l’Amérique, qui tournent en rond dans une Californie déglinguée.

 

« La route était une deux fois quatre voies, mais pas une autoroute. L’horloge du tableau de bord annonçait quatre heures de l’après-midi.

«On est où ?

-On tourne en rond, répondit Gambol. Pourquoi ? T’as besoin d’aller quelque part ?»

Luntz posa ses mains sur ses genoux et se redressa.

«On va où ?

-Dans ce genre de balade, on n’a pas besoin de savoir où elle va finir.»

Luntz ferma les yeux. »

 



18/08/2013
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