Choses vecues Choses lues

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Le Japon n’existe pas – Alberto Torres Blandina

« Le Japon n’existe pas » était mon compagnon de voyage ce matin dans l’avion.

Il m’a semblé que ce trajet d’une heure ne durait que cinq minutes.

 

Quand on attend son avion, désœuvré dans ce lieu suspendu hors de la réalité

qu’est un aéroport, on rêverait de rencontrer un Salvador Fuensanta, balayeur

en fin de carrière et merveilleux conteur d’histoires.

 

Cet homme qui aime parler aux passagers en transit, semble avoir fait le tour

du monde. Il évoque, comme un familier des lieux, le chant du muezzin à

Istanbul, le spectacle des soirées à Helsinki, la brume sur le lac de Côme,

la maison de Dracula en Roumanie ou encore l’animation du centre-ville de

Bangkok. Balayeur depuis toujours dans le même aérogare, on dirait qu’il

est doué de tous les dons, sachant reconnaître de manière infaillible qui est

de Paris et qui est d’une autre ville, puits de science sur la littérature de

voyage ou la philosophie orientale.

 

Alors il parle à des passagers que l’on devine simplement dans ce récit,

sans les entendre. Il leur raconte des histoires extraordinaires, souvent

livrées en plusieurs chapitres, interrompues par les nécessités du décollage

des avions et par le départ de ses interlocuteurs, l’histoire d’Eduardo le

justicier malheureux, celle du Club des Désirs Impossibles, l’histoire

d’une rencontre d’une nuit… Et, au détour de ces contes souvent

humoristiques, il nous livre des morceaux de sa sagesse et dénonce en

passant les excès de la société contemporaine.

 

Un livre drôle et enchanteur, et un éloge des pauses, de la lenteur et

des rencontres fortuites.

 

« Le nom de Salvador Fuensanta vous dit quelque chose ? C’est le mien...

Vous ne l’avez jamais entendu ? Vous m’enlevez un poids. Pau m’a dit qu’il

avait diffusé sur la toile l’histoire de Salvador Fuensanta, l’acteur mythique

qui a joué dans le premier film porno pour le kinétoscope d’Edison, film

détruit par des agents secrets du Pape Pie XI dans les années 20. J’ai

pensé qu’il blaguait, mais avec lui on ne sait jamais. Il aimait tellement

incruster de fausses histoires dans la réalité avec un R majuscule, comme

il disait, que je n’aurais pas du tout été étonné qu’il m’ait fait cette blague

pour la postérité. Mon nom aurait été associé pour toujours à celui du

premier acteur porno. »



21/11/2012
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