Choses vecues Choses lues

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La douceur de la vie - Paulus Hochgatterer

Malgré la Sachertorte sucrée et fondante, malgré le velouté du chocolat chaud, malgré la beauté de ses lacs et villages enneigés en hiver, l’Autriche a visiblement un problème avec la douceur de la vie.

 

Lors d’une soirée paisible entre Noël et la Saint-Sylvestre dans une ville moyenne autrichienne typique, une petite fille de cinq ans joue avec son grand-père. Celui-ci doit sortir soudainement avec un visiteur. Il ne reviendra jamais. L’enfant sort pour le chercher et découvre son corps sans vie dans la neige, le visage mutilé.

 

Traumatisée, elle se mure dans le silence. En enquêtant sur ce décès et en tentant de soigner cet enfant, le commissaire Ludwig Kovacs et le pédopsychiatre Raffael Horn ouvrent une boîte de Pandore au contenu peu ragoûtant, et nous dévoilent ce que recouvre cette vie en apparence si paisible et bourgeoise de la petite ville de Furth.

 

Sous la forme d’un thriller très habile aux multiples narrateurs, Paulus Hochgatterer, qui exerce aussi le métier de pédopsychiatre, nous immerge dans une Autriche sombre et cruelle, soumise à l’appauvrissement, à la violence, à la haine des immigrés, et il nous montre comment les enfants réagissent à cette violence, en s’emmurant dans le silence comme par la petite Katharina, en se servant de la cruauté comme rempart ou tout simplement en l’imitant.

 

« Les restes de mousse de bière au bord du verre étaient maintenant gelés. Kovacs les gratta négligemment du bout de l’ongle, puis il rompit un morceau de galette et sauça les restes de soupe dans son bol. "Autrefois j’aurais dit, premièrement je suis commissaire, deuxièmement mari et père, et troisièmement client de terrasse de café", observa-t-il. "Maintenant je dis, le plus souvent je suis client de terrasse de café et, de temps en temps, encore commissaire. Peu importe que tu t’entendes ou non avec ta femme, quand elle te quitte c’est un morceau de ton identité que tu perds."
Lefti se tourna de côté et regarda en direction du restaurant. "Cela fait douze ans que je vis dans ce pays, je porte des pulls de laine et des gants, je bois votre vin, je pense selon vos critères, je dis merde et fils de pute, mais je ne comprendrai jamais ce que vous avez avec cette histoire d’identité." »



11/04/2013
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