Choses vecues Choses lues

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Aloysius - Fabrice Pataut

« Aloysius » est une construction magistrale, qui s’enroule autour du lecteur et

dévoile progressivement et avec une grande virtuosité les pièces de l’histoire et

les liens unissant les personnages.

 

Mais, avant de reconstituer ce puzzle, Fabrice Pataut nous entraîne sur de nombreuses

fausses pistes dans ce roman de l’imposture et de la duplicité, nous montrant par

l’exemple combien il est difficile de distinguer le bien du mal.

 

Dans la première partie, le Diable conte au narrateur la chronique familiale et l’enfance

d’Aloysius en ces derniers jours de Mars 1939, au moment où finit la guerre d’Espagne.  

Les franquistes débarquent alors à Minorque et massacrent des Républicains avec

une extrême cruauté, pour l’exemple. Aloysius, jeune héritier de la famille Nelson-Sintes

est alors recherché ; il va prendre la fuite en compagnie de son chat Verlaine ….

 

Quelque quarante ans plus tard, juste après la disparition de Franco, Aloysius,

enfant disparu en mer puis exilé en Allemagne au moment de la guerre d’Espagne

avec des complicités nazies, vit maintenant à Barcelone sous une autre identité.

Les souvenirs lui reviennent et il va régler ses comptes.

 

« Méphisto était venu troubler mon esprit, casser la rigueur et la discipline

difficilement acquises et chèrement payées après l’effroi de l’abandon. Dolores

m’avait rendu mon calme et voilà qu’Aloysius revenait maintenant en chair et en os.

J’avais connu, moi aussi, le coucher de Maria-Christina, son parfum, le grain de

sa peau et la douceur de ses baisers, mais je n’avais eu ni l’occasion ni la force

de les laisser parler lorsque j’étais loin d’elle. »

 

L’imposture est-elle celle de l’histoire ou celle de la littérature ? Aloysius est une
leçon d’histoire sur la guerre d’Espagne mais aussi une leçon sur la façon de
raconter des histoires, et le rapport entre le récit et la réalité, a la manière du théâtre

de noyaux d’olives que lady Blemley, la mère d’Aloysius, joue à la table du déjeuner

de famille.

 

« Le Noyau s’était emparé de l’esprit d’Esther sur l’instant ; le Petit Monde de l’Olive

du Mercredi avait pris le dessus, fier et compact malgré le désintéressement général.

Elle allait désormais gratifier d’un prénom tire des Vagues ce qu’Edward vouait le

plus normalement du monde à l’oubli, grande prêtresse de l’animisme végétal

en lutte contre l’indifférence civilisée. »



18/04/2012
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