Une forme de guerre – Iain M. Banks
Le principal problème de Iain Banks est qu’il peut déclencher une addiction
croissante peu compatible avec la conduite d’une vie professionnelle et
familiale équilibrée. Disons-le tout net : j’ai adoré « une forme de guerre ».
Une fois embarquée dans le cycle de la Culture, naviguant dans l’hyperespace,
côtoyant les VSG (Véhicules Systèmes Généraux pour ceux qui ne seraient
pas encore des afficionados), ou à bord du Mégavaisseau, j’ai eu un peu
de mal à redescendre sur terre.
La société Idiran affronte donc la Culture dans une guerre sainte. Les Idirans,
grandes créatures à trois jambes dotées de l’immortalité biologique, se
sont développés sur leur planète d’origine, Idir, devenant dominants grâce
à leur intelligence, entraînant la disparition de l’écosystème sauvage et
la soumission des espèces autour d’eux. (Et il paraît que la Culture et les
Idirans n’existent pas …)
Au milieu de cette guerre galactique, le héros, Bora Horza Gobuchul, redoutable
guerrier en croisade personnelle contre la Culture, cherche pour le compte des
Idirans à capturer un Mental - un de ces êtres d’intelligence artificielle qui
font fonctionner la Culture et qui s’est réfugié après la destruction de son
vaisseau par les Idirans sous la surface d’une planète.
Horza, survivant d’une espèce en voie d’extinction, les métamorphes, voyage
vers le monde de Schar, planète des morts dans lequel le Mental s’est réfugié.
On l’a compris dès le titre (« Consider Phlebas » en anglais) et le poème de
T.S. Eliot en exergue, la mort et la destruction dominent ce récit exaltant.
« Comment croire que les simples citoyens de la Culture désirent réellement la
guerre, quel qu’ait été le résultat de leur vote ? Ils avaient leur utopie communiste.
Ils étaient mous, choyés et trop gâtés, et le matérialisme évangélique de la
section Contact se chargeait des bonnes œuvres destinées à soulager leur
conscience. Que demander de plus ? Non, la guerre devait être au départ une
idée des Mentaux ; on reconnaissait bien là leur volonté clinique de nettoyer
la galaxie, d’en assurer le fonctionnement esthétique et efficace, sans
gaspillage ni injustice, ni souffrance d’aucune sorte. Ces imbéciles ne
comprenaient même pas qu’un jour, les Mentaux commenceraient à
trouver bien inutiles et bien inefficaces les sujets humains de la Culture. »
Le livre comporte des morceaux de bravoure inoubliables – l’accident du
Mégavaisseau, l’épisode où Horza cherchant à rejoindre son vaisseau
est capturé comme don-de-la-mer sur une île dominée par un monstre
obèse et cannibale, la partie du jeu de Débâcle, jeu qui se joue dans
la confusion précédant la dernière heure, ici sur l’Orbitale de Vavatch
avant sa destruction par la Culture, et enfin l’accident de train dans
les tunnels du monde de Schar.
Infiniment grand et éloigné de nous par la puissance de l’imaginaire,
infiniment proche de nous par la force de la métaphore.
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