Choses vecues Choses lues

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Un éléphant fou furieux – Jean-Marc Agrati

Avec ce recueil de dix nouvelles, son deuxième, publié en 2005, Jean-Marc Agrati

allume des émotions dans nos têtes et nos cœurs. Son génie est dans le mélange

des genres et des émotions, qui font de lui un écrivain hors classe.

 

Le point de départ de ses récits courts ? Une scène du quotidien, autour d’un ou
de deux antihéros attachants quoique souvent pathétiques, le quidam qui condamne

l’inefficacité des politiques, une conversation de comptoir au bistrot, ou bien tout

simplement le déjeuner avec la belle famille autour d’un poulet rôti et de la mamie

qui perd la boule, et encore le cadre éreinté par sa mesquinerie et son sadisme

quotidien au bureau qui sort avec sa copine voir un spectacle comique.

 

Et puis Agrati met un bâton de dynamite poétique, et les nouvelles tournent à

l’explosif. Ou bien il se contente d’un léger twist et il nous emporte.

 

Parfois, il démarre sur un personnage qui nous met en terrain inconnu, très loin

de notre zone de confort, le candidat à l’attentat suicide obsédé sexuel, ou bien

l’homme-roi d’un royaume animal comme un Eden clos, qui ne connait pas le

langage des hommes.

 

Et il nous distille ses étincelles porteuses de la frustration de la vie contemporaine,

des fantasmes de gloire, de superpuissance et de destruction, de la violence
vitale, du sadisme, de l’obsession du sexe, et sa poésie et son humour dévastateurs.

 

Sans conventions, sans barrières morales, juste avec la grâce.

 

Le royaume d’Agrati est sans limites.

 

« - Zol.

- Qu’est-ce qu’il y a ?

- On me fout la main au cul.

- Ah ?

- Ouais, j’ai dit, et la main n’arrête pas … en ce moment même … c’est de la provoc

de gros salopard … c’est forcément des mecs très durs qui font ca. Je vais me
retourner. Prépare-toi. Je ne sais pas combien ils sont.

Il a regardé le fond de son verre avec de grands yeux fatigués et injectés de
sang. J’étais vraiment mal barré. J’ai gardé ma pinte serrée dans ma
main en me disant que, dans la gueule, ça pouvait faire des dégâts. Et je me suis
retourné, lentement, pour laisser une chance au dialogue. » (Barbaques
poussives)



01/06/2012
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