Choses vecues Choses lues

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Tout passe - Gabriel Josipovici

«Une pièce.
Il se tient à la fenêtre.
Et une voix dit : Tout passe. Le bien et le mal. La joie et la peine. Tout passe.»

 

Gabriel Josipovici arrive à créer du silence avec des mots.
«Tout passe» est un texte si épuré qu’il semble être en creux, comme une dépression remplie de la difficulté d’exister, qui déborde en même temps de la plus grande exigence.

 

Un homme est seul dans sa maison, face à sa fenêtre, fêlée. Il ne se passe rien dans cette pièce et dans ce texte nus, si ce n’est que cet homme, âgé, vient toucher du doigt les fêlures de sa vie. Le téléphone sonne, les enfants viennent le voir pour s’assurer que leur père va bien, mais c’est comme s’il ne se passait rien. Dans un présent rempli de ces événements vides, effet de la vieillesse ou de la maladie, quelques souvenirs pleins émergent, les histoires d’amour de cet homme aujourd’hui veuf, et les souvenirs de ses enfants, petits, dans un récit qui mêle passé et présent entremêlés comme les éclats de cette bombe à fragmentation qu’est la mémoire.

 

Le dénuement de l‘être, et en particulier de celui qui se confronte à l’exigence de l’écriture, semble être surmonté quand le narrateur pense littérature, évoque les écrivains ses prédécesseurs dans la solitude. Alors, avec Rabelais qui avec l’imprimerie était devenu le premier à n’écrire que pour lui-même, le récit devient libre, et tout à coup remplit tout l’espace de la page.

 

Et, curieusement, ce plein est moins dense, plus léger, comme si tout prenait vie avec la littérature.

 

Gabriel Josipovici est un vrai magicien.



01/05/2013
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