Choses vecues Choses lues

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Les frères Sisters – Patrick deWitt

Du temps de la ruée vers l’or, les frères Sisters, tueurs à gage de leur état,

sont envoyés à San Francisco par leur employeur, le « Commodore »,

pour éliminer un homme repondant au nom curieux de Herman Kermit Warm.

 

D'ailleurs tout est curieux dans ce livre. Déjà le titre en anglais,

« The Sisters’ Brothers », indique sa tonalité burlesque et le tandem de tueurs

ressemble plutôt à un duo d’excentriques pieds nickelés, néanmoins efficaces

et redoutés.

 

Leur périple est très éloigné de l’image d’Hollywood de la chevauchée de

deux tueurs professionnels, le narrateur, le cadet des deux, Eli, étant un

homme grassouillet, assez dépourvu d’états d’âme pour tuer mais enclin

au questionnement métaphysique, un incurable cœur d’artichaut qui ne

comprend rien aux femmes et pas grand-chose aux relations humaines

en général, un homme qui, malgré ses rêves récurrents d’ouvrir un

petit commerce est devenu assassin pour rester avec son frère Charlie,

l’archétype de la brute mais qui l’a toujours protégé.

 

Tout au long de ce voyage où l’on croise surtout des tueurs, des putains,

des ours, des chevaux de retour et des chercheurs d’or en perdition, les

scènes ou les détails incongrus surgissent sans cesse, scènes de brossage

de dents ou dialogues étrangement comiques entre deux coups de feu.

 

« The Sisters’ brothers » est un livre jubilatoire et décalé comme un western

spaghetti ou bien comme certains films des frères Coen, drôle tout en se

penchant avec mélancolie sur la relation de ces frères qui s’aiment comme

deux sœurs.

 

 « - Une sacrée équipe que vous avez là, Warm. »

Il répondit avec gravité, « Plutôt louche, non ? Un dandy et deux assassins. »

Je me mis à rire, et Warm me demanda ce que je trouvais drôle. « Vous et

vos jambes et vos mains violettes. Morris et mon frère, et les hommes

entassés dans le feu. Mon cheval mort au pied d’une colline. »

Warm apprécia mes propos, et se tourna vers moi, rayonnant :

« Il y a du poète en vous, Eli »



03/12/2012
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