Choses vecues Choses lues

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le troisième reich – Roberto Bolaño

Le troisième Reich est un des premiers livres de Roberto Bolaño, écrit en

1989 et demeuré inédit, lui aussi découvert sur le disque dur de son ordinateur

après sa disparition, comme les textes publiés dans « Le secret du mal ».

 

Ce roman est écrit sous la forme du journal au ton impersonnel, le journal

du personnage principal, Udo, champion allemand d’un jeu de guerre

« Le troisième Reich » ; Udo passe des vacances sur la côte espagnole avec

son amie Ingeborg. Il y fait preuve dès son arrivée d’une certaine arrogance,

en exigeant du personnel de l’hôtel une table de jeu aux dimensions inhabituelles.

 

Ces vacances sont vides de sens, ennuyeuses et improductives pour Udo qui

souhaiterait perfectionner sa stratégie de jeu. Elles sont ponctuées de nuits

d’ivresse avec Charly et Hanna, un autre couple d’allemands rencontrés sur place,

et bientôt en compagnie de personnages locaux interlopes voire inquiétants, le Loup,
l’Agneau et le Brûlé – un homme d’origine sud-américaine, loueur de pédalos sur
la plage, au physique affreux, défiguré par des brûlures dans des circonstances
qui restent troubles.

 

« Jamais comme à ce moment-là, dans ces circonstances, le Loup n’a porté aussi

bien son nom ; le visage d’Ingeborg, lumineux, frais, bronzé, attirait son regard

comme la lune les lycanthropes dans les  vieux films de terreur. »

 

Le roman bascule progressivement avec la disparition de Charly. La vie de Udo

dans cette station de la Costa Brava semble de plus en plus irréelle, décousue.

Il entame une partie de troisième Reich avec Le Brûlé, seules séquences pendant

lesquelles le déroulement de l’action semble clair et cohérent.

Avec la fin de l’été, la station balnéaire se vide et devient lugubre ; la partie de troisième
Reich prend un tour inattendu, et le pas sur tout le reste ; la déchéance d’Udo
grandit, épuisement, douleurs, cernes horribles, pâleur grandissante et manque
d’argent.

 

Pourquoi ce roman n’a-t-il pas été publié ? Sans doute inachevé, il est néanmoins

un texte magnifique sur la fascination esthétique pour la guerre et le fascisme, et sur
le rapport entre le jeu, la fiction et la réalité.

 

"Je me suis souvenu du joueur que Quelqu'un voit d'en haut, rien que tête,

épaules, dos des mains, et le plateau et les pions comme une scène où se

déroulent des milliers de débuts et de fins, éternellement, un théâtre

kaléidoscopique, unique pont entre le joueur et sa mémoire, sa mémoire

qui est désir et qui est regard."



25/04/2012
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