Choses vecues Choses lues

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Entre amis - Amos Oz

Paru en 2012 (en 2013 pour la traduction française), les huit chapitres-nouvelles d’ "Entre amis", qui se déroulent dans la même communauté – le kibboutz Yikhat - avec les mêmes personnages, forment par touches un tableau nostalgique et juste de la vie d’un kibboutz.

 

La nature est plutôt belle au kibboutz, au milieu des fleurs et vergers cultivés par les hommes ; néanmoins, avec le conflit avec les palestiniens en toile de fond, les relations sont difficiles, rendues complexes par l’amour sans contraintes, par les couples qui se font et se défont, par la cruauté des ragots et la condamnation sans pitié des faiblesses, par les jalousies et dissensions exacerbées dans ce milieu communautaire, par les limites de l’utopie égalitaire – comme l’idée de faire éduquer les enfants par la communauté, hors de la cellule familiale.

 

Paradoxalement, les protagonistes de ce roman-nouvelles, Tsvi Provisor le jardinier, Osnat la lingère, Nahum Asherov l’électricien veuf, Yoav Carni le secrétaire intègre, Roni Shindlin le papa poule colporteur de potins, Martin Vandenberg le pionnier, mais aussi les adolescents, tous ces héros du quotidien, vivent des vies bien solitaires au sein d’une communauté où tout est partagé et où tout se sait.
"Entre amis" nous dit l’impossibilité de réaliser l’utopie du kibboutz, de gommer les injustices par un nouveau mode de vie égalitaire, nous parle de ce rêve qui se fane avec l’avancée en âge des fondateurs, et avec les envies d’ailleurs de la nouvelle génération.

 

Et ne prenez pas "Entre amis" pour le livre d’un auteur vieillissant et désabusé. Paradoxalement, c'est un récit plein d’un espoir mélancolique.

 

« Le soir, une fois le planning du lendemain accroché au panneau d’affichage, Roni s’installait avec ses amis et sa petite cour à leur table attitrée, au bout du réfectoire, pour fumer et échanger des potins et des ragots sur tout le monde. Rien ne lui échappait. La vie d’autrui l’intriguait fort et déclenchait un torrent de plaisanteries. Les idéaux les plus élevés révélaient nos faiblesses et nos contradictions les plus absurdes, estimait-il. Il aimait citer Levi Eshkol affirmant qu’un homme n’est qu’un homme, et encore pas très souvent. »



19/03/2013
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