Blue Jay Way - Fabrice Colin
Impuissant à se remettre de la disparition de son père le 11 septembre 2001,
dans l’avion qui s’est écrasé sur le Pentagone, Julien ne sort pas d’une période
d’angoisse ; Mensonges et paranoïa entourant les circonstances du crash de
cet avion sont des bons marqueurs de l’atmosphère du roman.
En pleine confusion, Julien accepte donc de partir pour L.A. et de devenir
«précepteur» du fils d’un richissime producteur de cinéma, qui vit dans une
gigantesque villa sur les hauteurs de Beverly Hills, Blue Jay Way.
Là, il va plonger avec des yeux étonnés dans ce monde irréel vide de sens
mais rempli d’alcool, de drogues en tous genres, de fêtes hallucinantes, de
sexe, de rock’n roll, autour de ce fils et des quelques individus désœuvrés qui
gravitent autour de lui dans la villa. Le malaise va tourner à l’horreur avec la
disparition d’Ashley, la femme du producteur, enclenchant les étapes d’un thriller
très prenant.
Intercalées au cœur de l’histoire dans des chapitres à part, on suit les parcours
distincts de Scott et Jacob depuis leur enfance, l’un, être sadique obsédé par le
mal, et l’autre schizophrène emmuré dans sa folie. Sans lien apparent avec
l’histoire principale, ces deux parcours semblent néanmoins nous indiquer que
tout va aller de mal en pis.
« Electrisée, la ville scintillait comme un patient épileptique dans l’attente d’une
prochaine crise. »
Dans une intrigue diaboliquement efficace, Blue Jay Way concentre toute la
mythologie de Los Angeles, cette ville qui semble irréelle, dont on ne trouve
jamais le centre ni la cohérence, cette ville où réalité et fiction semblent
difficiles à démêler.
«Aaron s’est étiré :
- Je pratique la cabale à mes heures perdues. J’ai écrit une thèse de littérature
comparée sur le thème du math métal. J’ai cinq grammes de cocaïne trop chère
pour toi dans la poche arrière gauche de mon short. Je suis l’un des quatre
enfants que Steven Allan Spielberg a refusé de reconnaitre. Je n’ai couché avec
personne au cours des trois dernières années si l’on excepte un furet. »
« Quelques semaines après son arrivée à L.A., Ashley avait fait part à Frances
de son désir d’être inhumée au Forest Lawn Memorial Park. L’incongruité de
cette requête, rétrospectivement, ne cessait pas de m’étonner. Comment
pouvait-on se préoccuper d’un tel détail à peine entré dans l’âge adulte ?
Mais les Angelins, y compris ceux d’adoption […] avaient fait de la précocité
une seconde nature. N’avais-je pas consulté le cahier des charges ? Ici,
idéalement, on baisait à 11 ans, on se camait à 13 et on mourait à 17. Vue
sous cet angle, avait-il ajouté en rajustant sa casquette des Dodgers, Ashley
s’était montrée remarquablement patiente. »
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