Choses vecues Choses lues

Choses vecues Choses lues

Variation VII

J’aime l’odeur délicate du noisetier qui effleure mes narines, la douceur de pêche de la cosse de noisette, la dureté de l’ongle, comme la dent d’écureuil, cette volonté d’arrachement pour atteindre le fruit.

J’aime la senteur du figuier, ces effluves doucereux de fruits mûrs annonciateurs de la fin du mois d’août.

 

J’aime m’allonger sous les ombrages de ses grandes feuilles, m’asseoir avec un livre sur le petit banc de pierre dont l’égratignure sur la peau me rappelle au réel.

 

J’aime les maisons à recoins, biscornues, les escaliers en colimaçon, les greniers regorgeant de trésors, les vieilles piles de journaux jaunis qui exhalent une odeur de siècle disparu. J’aime l’excitation de la découverte d’un livre inconnu, la douceur du temps qui s’écoule comme un fleuve aux larges méandres dans le grenier, ce lieu oublié, là-haut.

 

Je n’aime pas redescendre, je n’aime pas les arrachements. Je n’aime pas les bureaux, les tours de verre, les centres commerciaux, les écrans, les réunions sans fin et sans objet, les conférences, les avions qui décollent, les salles d’attente, les sourires figés des hôtesses fatiguées.

 

J’aime surtout la lenteur.

 



06/11/2012
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