Choses vecues Choses lues

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Un homme de glace - Iain Banks

L’action se déroule à Edinburgh au tout début des années 1990, juste à la fin des années Thatcher, et Iain Banks entend bien ici dénoncer les dérives de la classe dirigeante - avec la complexité, l’humour et l’art consommé de la provocation qui font partie de ses marques de fabrique.

 

Cameron Colley est un journaliste qui se rêve gonzo, mais dont les articles sur les scandales des bases nucléaires ou des altérations frauduleuses sur le scotch whisky sont censurés par une rédaction très attentive aux intérêts capitalistiques. Cameron est aussi alcoolique, accro au tabac à la cocaïne et à un jeu vidéo du doux nom de "Despote". Il pense être sur un gros coup et prend peur quand il reçoit des informations de plus en plus précises par l’intermédiaire d’un informateur mystérieux sur une affaire apparemment énorme, en lien avec l’Irak de Saddam Hussein, les armes nucléaires, laissant dans son sillage des cadavres, tous décédés dans des circonstances suspectes.

 

Ce récit alterne avec la description détaillée et abjecte des meurtres commis par un tueur en série anonyme, justicier tortionnaire dont les crimes se suivent à un rythme rapproché ; initialement et bizarrement confronté aux problèmes "techniques" que rencontre le tueur, le lecteur va comprendre au fil de l’intrigue la logique vengeresse et de dénonciation qui l’anime.

 

Évidemment Cameron va se retrouver mêlé à ces meurtres et Iain Banks nous mène par le bout de sa plume d’une hypothèse à l’autre, sapant dans le même temps les valeurs morales, comme elles l’ont été depuis ces années-là.

 

«Il tire une bouffée. "On l’a faite, notre expérience ; nous avons eu un parti unique, une idéologie dominante, un plan exécuté jusqu’au bout, une cheffe à poigne – et son éminence grise – et de tout ça il ne reste que de la merde et des cendres. Le substrat industriel est ratiboisé jusqu'à l’os – plus même : la moelle d’en écoule ; les anciennes structures socialistes qualifiées d’inefficaces ont été remplacées par des structures capitalistes encore plus vérolées, le pouvoir est complètement centralisé, la corruption institutionnalisée, et on a donné naissance à une génération qui ne saura jamais que fracturer les portes de voiture avec un cintre et déterminer quel solvant défonce le mieux quand on se colle un sac en plastique sur la tête, avant de dégueuler ou de tomber dans les pommes." Il tire à fond sur le pétard et me le rend.»



19/08/2013
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