Tennis, socquettes et abandon – Fabrice Pataut
Dois-je l'avouer ? C'est l'incongruité intrigante du titre qui m'a poussée
vers ce roman, pour poursuivre la découverte de l'univers de Fabrice Pataut
- après la jubilation des lectures de « Aloysius » et « Reconquêtes ».
William et Patrick, deux riches orphelins abandonnés par leurs proches,
se sont connus enfants dans le pensionnat de Mme Evans. Inséparables
dans leur enfance, ils se sont ensuite associés professionnellement
puis brouillés, sur fond d'affaires boursières.
William s'enfuit au lendemain de son voyages de noces, sur un ferry
vers la France. Patrick, sensé lui fournir un alibi auprès de son épouse
Lucinda, va en fait le suivre et l'espionner.
On retrouve le plaisir charnel du texte, l'appétit du jeu, et le goût pour les
faux semblants de ce grand brouilleur de pistes qu'est Fabrice Pataut.
Le charme du récit vient aussi de l'atmosphère étrange dans lequel il baigne,
avec les trahisons ou révélations inattendues, et des comportements
surréalistes tel celui de William qui, sur le ferry, découpe ses vêtements sur
mesure des meilleurs tailleurs britanniques et les ingère, mettant ainsi
en scène la « lente dissolution de son apparence », comme s'il anticipait
son destin proche.
« Tennis, socquettes et abandon » est aussi le livre du pied, partie si
représentative des personnages, qu'ils soient « fins comme des pattes
d'oiseau », « roses à force d'oisiveté », « pieds diaphanes des plus beaux
anges qui montent au ciel déchaussés », ou bien « curieusement légers,
prêts à se détacher de leurs jambes ».
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