Le bâtisseur de ruines - Clarice Lispector
« Le monde était si grand qu’il était assis. En lui, il y avait le vide plein d’échos
d’une cathédrale. »
Il faut une bonne dose de patience pour venir à bout de ce roman, de l’homme
qui parle aux oiseaux et aux cailloux, de cette femme qui évite dans tout ce qu’elle
dit d’être entièrement comprise pour des approches très tortueuses, pour ne pas
être blessée par la vérité ; pour venir à bout de ce texte dans lequel les personnages
sont en permanence dans leurs pensées et leurs fantasmes.
L’intrigue ? Martin a commis un crime et s’est enfui. Il marche pour fuir, tente de
fuir ses pensées, de devenir un organisme, rien de plus, pour se reconstruire.
Mort de soif mais renaissant, il arrive dans une ferme dans laquelle il va travailler,
sous la coupe de Victoria, propriétaire des lieux, et aux cotés d’Ermelinda,
la cousine tortueuse qui veut séduire cet homme mutique.
Avancée laborieuse dans ce roman, comme la marche de Martin dans le désert
et dans sa propre reconstruction ou méditation après son crime. Avancée lente
dans un texte toujours ambigu, dont les personnages oscillent entre puissance,
fatuité, simple présence au monde et anéantissement.
« La clarté dont il avait vécu faisait qu’il était capable de jongler avec des chiffres
avec une patience sans défaillance ; et, nu à l’intérieur, ses vêtements lui allaient
bien. Alerte et élégant. Mais a présent qu’il avait dépouillé les choses de leur
couche de mots, a présent qu’il avait perdu le langage, il se tenait enfin debout,
dans la calme profondeur du mystère. »
Un bel OVNI.
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