Barbe métallique
Mon cher Pierre,
Mes pensées vont vers toi en ce jour sombre de pluie. Je regarde les feuillages
dégoulinants, le jardin qui se déshabille en ce jour d’octobre et je me souviens
des automnes de notre enfance, lorsque nous partions en expédition, main dans
la main, explorer les recoins de la maison. Si tu savais comme ces moments me
manquent, comme je regrette notre complicité et nos rires d’alors !
Te rappelles-tu notre curiosité, jamais assouvie, convaincus comme nous l’étions
de trouver un trésor dans le grenier ou dans la cave, de notre frustration face à
la commode de maman toujours fermée à clé ? Que n’ai-je assez profité de
l’insouciance de l’enfance ?
Aujourd’hui j’ai besoin de toi. Entends mon appel et viens à mon secours.
Charles est parti lundi dernier en voyage d’affaires pour deux semaines. Il m’a laissé
la garde de la maison et de son laboratoire, dont il m’a toujours strictement interdit
l’accès. Mais les grattements et les cris plaintifs que je croyais entendre, et la clé
accessible dans l’entrée étaient trop tentants, je n’ai pas pu résister.
J’ai ouvert le laboratoire ce matin. La clé est restée coincée dans la serrure, Charles
saura que je lui ai désobéi. Je ne peux pas appeler le serrurier car tout le monde
s’espionne. Tout se sait dans ce village.
Quant à ce que j’ai découvert dans cette pièce, je ne peux te l’écrire, je ne saurai le
transcrire en mots, simplement te dire que j’ai très peur. Viens-vite. Charles sera de
retour dans huit jours. Sois-là avant lui, je t’en supplie.
Ta sœur qui t’aime.
####
Ma chère Madeleine,
Vous ne pourrez malheureusement expliquer à votre frère ce que vous avez vu. J’ai
intercepté votre lettre.
Mon voyage était un leurre, pour vous surveiller, et vérifier si vous étiez vraiment
l’épouse sans tâche que vous prétendiez être.
En secret, j’ai dédié toute ma vie à mes recherches sur les êtres mutants. Je ne peux
donc me permettre d’échouer si près du but, même pour vous. J’ai fait mourir des
milliers de rats, mais mes greffes de membres et d’organes mécaniques pour
transformer ces rongeurs en minuscules machines de guerre sont sur le point d’aboutir.
Quand vous lirez cette lettre, je serai déjà là, derrière vous. Ils seront vos derniers
compagnons.
Charles
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