Choses vecues Choses lues

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Bara Yogoï Sept autres lieux - Leo Henry, Jacques Mucchielli et Stéphane Perger

«Bara Yogoï - Sept autres lieux» rassemble sept récits étranges dans lesquels

éclosent les angoisses nées d’un univers post-apocalyptique, l’enfer d’un monde

industriel anéanti ou qui finit de s’écrouler sous l’œil des derniers témoins

en fin de course, avec des hommes retournés à une vie a minima, à une forme

de survie.

 

Voici un aperçu très superficiel de l’atmosphère des premières nouvelles du

recueil (absolument pas un hit-parade car j’ai aimé toutes les nouvelles, avec

néanmoins un coup de cœur particulier pour Enfer périphérique numéro 21) :

 

Playlist / shuffle – dans son taxi, le monologue (quasiment) amoureux à son

frère junkie d’un chauffeur de taxi, abruti d’alcool et de boulot, qui tente ainsi

de faire son deuil

 

Tom + Jess = <3 – Avec un vocabulaire et un argot tirés au cordeau,

l’histoire d’amour de Tom qui a bizarrement Jess dans la peau

 

Enfer périphérique numéro 21 – Dans un monde détruit après les
bombardements, le Protecteur, chef d’armée défait moralement paralysé

par son angoisse, ruine humaine en résidence surveillée par des compagnons

geôliers qui attendent les ordres pour l’exécuter

 

A propos d’un épisode méconnu des guerres coloniales

motherlando-mycroniennes – une nouvelle aux accents mythologiques

borgésiens dans un univers aride de type méditerranéen, où les Tegetchis se
transmettent leurs contes de ténèbres de père en fils.

 

A travers ces sept nouvelles dans sept lieux, les variations de contexte et de

langage, avec toujours une écriture brillante, sont impressionnantes de ciselage

et de virtuosité.

 

Et enfin, couronnement du plaisir, comme toujours avec Dystopia workshop

(l’éditeur), le livre lui-même est un très bel objet.

 

«Mais Soury n’écoutait plus, il dansait sur les déblais, soulevait des poussières.

Puis le cauchemar du Protecteur lui coupa le souffle : le phosphore calcine les

peaux, les squelettes sont libérés de leur chair, dix milliers d’hommes se dissolvent,

fusionnent avec la terre – sa bouche s’écartela sur un cri silencieux, celui de

l’homme qui se redressait sur la couche de Bhūmi, là-bas.»

(Enfer périphérique numéro 21)

 

«S’il se détachait un instant de sa tâche, il pourrait parvenir à la pointe, là

où le rêve prend fin, devant l’immense miroir sous lequel copulent les baleines

et dérivent les vaisseaux fantômes. Là, sur la plus haute pierre de cet ultime
promontoire, il se tiendrait face au néant un temps assez long pour la voir
approcher. Cette fois, elle viendrait en dansant sur les flots, légère à en
pleurer, et elle se nommerait Âme parce qu’il aurait abandonné ses crayons

pour elle, et s’appellerait Mone pour s’être extraite seule des flots de la mer,

et son prénom resterait pour toujours un mystère, serait une promesse.»

(En mauvaise compagnie)



08/07/2012
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