Choses vecues Choses lues

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Aventures sous les platanes - Jean Habrigian

La rencontre avec Jean Habrigian à la librairie Charybde à Paris a été l’occasion d’une soirée intime, d’autant plus délicieuse qu’elle était inattendue.

 

La première des quatre nouvelles de ce recueil, «Mojito», est beaucoup plus subtile, avec ses rebondissements très drôles, que son entrée en matière, un petit peu grossière, ne le laisse paraître : un homme sur le déclin, en pleine mélancolie, s’installe à une terrasse de café à Bastille, pour retrouver le goût de vivre devant le spectacle des femmes et de leurs douces rondeurs.

 

«On ne peut rien prévoir», la deuxième des nouvelles, est l’histoire piquante et légèrement surréaliste d’un homme qui s’entiche d’une cane, animal capable de surprenantes infidélités.

 

La galerie de portraits se complète avec Monsieur Pierre, le maquereau malgré lui, et avec les déambulations d’un écrivain démuni, détectant chez le passant, celui ou plutôt celle, qui rempli de désir, sera prêt à débourser seulement quelques euros pour se délecter de la lecture de ses aventures crues.

 

Ces aventures sous les platanes sont un complot contre la routine, des rêves de séductions improbables qui débordent de vie et de générosité… et avec ça peu importe que ce ne soit pas parfait.

 

«Venant du boulevard Saint-Antoine, une manifestation s’avançait. Je me suis approché. Une grande banderole : «RÉPUBLIQUE,ONTUETONÉCOLE, TONUNIVERSITÉ». J’ai remonté le cortège. Des autocollants «VIVE LA GRÈVE» ballotaient sur les belles fesses d’une étudiante. Au contact de ce collectif, j’ai oublié mes tracas, j’ai éprouvé une extraordinaire sensation de délivrance. Mon idée qu’on ne s’en sortira pas tout seul dans son coin devenait matérielle. J’ai sucé tout le jus de cette résistance en frôlant cette masse joyeuse et déterminée jusqu'à la place Voltaire, hélas débaptisée en place Léon Blum, ce coquin déguisé en socialiste, puis j’ai continué à marcher. Loin de ce cortège, je croisais les regards mornes de la crise, mais moi je voyais la vie en rose. J’ai pris le boulevard qui mène au Centre Pompidou, puis j’ai traversé la Seine et plané sur les trottoirs jusqu'à Saint-Germain-des-Prés, lieu giboyeux en littéraires friqués.»



20/06/2013
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